"Je veux être fier de finir avec ce groupe", assure Raphaël Caucheteux, à l’aube du dernier match de sa carrière

La fin d’un mythe. Raphaël Caucheteux tirera sa révérence ce soir, à 40 ans, après 18 saisons au sein du Saint-Raphaël Var handball. Joueur le plus applaudi, chouchou incontestable, l’ailier gauche atypique (1,98m) de tous les records raccroche avec le sentiment du travail accompli: "Je peux me regarder dans une glace et dire merci à tous mes coéquipiers." L’ancien international (20sélections) se livre alors qu’il va endosser pour la dernière fois son maillot bleu marine frappé du numéro 20.
Vous allez tirer votre révérence, dans quel état d’esprit êtes-vous?
C’est la course pour tout préparer (son All Star game). Pour l’instant, je ne réalise pas que c’est mon dernier match. Je suis super motivé pour gagner. Que cette histoire se finisse bien. Ce serait la plus belle des victoires. Je veux finir le travail, en beauté. Je réaliserai après, pendant la cérémonie.
Avez-vous rêvé de ce dernier match, du scénario, des dernières secondes?
Non, je rêve d’une belle victoire. J’ai fait venir des amis du centre de formation de Montpellier, des joueurs de l’étranger... J’ai envie que ce soit une belle fête pour partir la tête haute. Je veux être fier de finir avec ce groupe.
Quel regard portez-vous sur votre saison?
J’ai réalisé une très belle saison. Je me suis donné des objectifs collectifs et individuellement je suis très bien au scoring (162 buts). J’aurais pu finir meilleur ailier gauche, ce qui montre que j’en ai encore dans les pattes. Il est temps de laisser la nouvelle génération réussir. Mon "padawan" Drevy Paschal va prendre la suite. Je lui donne toute ma confiance.
En plus des buts dans le jeu, vous êtes le tireur à sept mètres. Comment est venue cette spécialité?
J’ai toujours tiré les penaltys. Je le fais depuis mon arrivée ici. J’adore ce duel, ce jeu de stress. Ça me passionne. Pendant ma carrière, j’ai réussi à faire évoluer mon jeu au fur et à mesure. Avant, je tentais des choses que je ne savais pas faire. J’ai pris confiance en moi. Je maîtrise mes points forts à l’aile, c’est pour ça que j’ai un beau taux de réussite.
Votre histoire à Saint-Raphaël commence par un prêt en janvier 2007 en D2. Racontez-nous ces débuts...
Je venais de passer pro à Montpellier. On m’a proposé d’avoir plus de temps de jeu ici. Les anciens comme Vojinovic et Fortuneanu m’ont pris assez rapidement sous leur aile. Ça s’est tout de suite bien passé. Christian (Gaudin, alors coach) me faisait jouer pivot et ailier. Ça fera rire certains mais j’avais un rôle défensif. Ce groupe était fabuleux...
En janvier, le président Pascal Bacchi disait: "On associe Saint-Raph à Raph". Avez-vous conscience d’avoir laissé votre empreinte sur le club?
J’en ai conscience car j’essaye de représenter le mieux ce club avec de l’humilité et de la proximité. Je m’investis beaucoup sur le terrain et en dehors. Je suis le dernier des Mohicans. J’espère que les joueurs conserveront ces valeurs. Quand je suis arrivé, on était en D2, on a touché les étoiles, on a douté, connu le renouveau... J’ai vu toutes ces évolutions qui ont fait grandir le club.
Comment le SRVHB a-t-il évolué?
Samedi, vous verrez qu’on a toujours eu des grands joueurs en charnière centrale avec des grands demi-centres comme Morten Olsen, Dani Sarmiento… Une base centrale avec des joueurs d’expérience mêlée avec des jeunes. On a eu un grand président, Jean-François Krakowski, qui a tout fait pour que le club réussisse. Il nous a toujours mis en avant pour porter le club au plus haut. Il a réussi avec cette finale (perdue en coupe d’Europe de l’EHF, la C3). J’ai des images en tête dans les vestiaires, des victoires comme des défaites…
Arrêter sans gagner de titre dans l’élite avec ce club, c’est votre plus gros regret?
Cette finale européenne se joue à un détail, dans les dernières minutes... C’est la plus grande victoire et la plus grande défaite en même temps. C’était euphorique. Je suis déçu de ne pas avoir gagné de titres mais les bonnes années vont arriver. Je ne changerai pour rien au monde ce qu’on a vécu.
Vous découvrez l’équipe de France à 32 ans avec une médaille de bronze pendant l’Euro 2018. Est-ce le moment le plus fort de votre carrière?
Bien sûr. C’est ma plus belle médaille. Je méritais d’être sélectionné avant. J’avais fait un discours en disant que ce serait sans doute la seule médaille de ma carrière. À Montpellier, je n’étais pas acteur. Ça a été une belle aventure et je suis fier pour le club qui ne m’a jamais lâché.
Y a-t-il eu un jour où vous avez failli partir?
J’ai eu des contacts avec Paris, Montpellier, Barcelone. Cela a failli se faire avec le PSG. Mais je suis fier d’être resté 18 ans. C’est quelque chose de rare aujourd’hui où on est tenté de partir à l’étranger pour les salaires. Je m’y sentais bien. Je n’ai aucun regret. J’ai eu le maillot de l’équipe de France et une finale de coupe d’Europe, tout en étant ici, à Saint-Raphaël.
Cette saison, vous avez été célébré lors de chaque déplacement. Qu’avez-vous ressenti?
Je me sens fier de ma carrière. Ça veut dire que j’ai marqué le hand. Ce sont des remerciements pour vingt ans de travail. Cela représente aussi le club car, si je suis le meilleur buteur de l’histoire, c’est aussi grâce à ceux qui ont été autour de moi. La plus belle récompense sera samedi.
À noter qu’un All Star game spécial Raphaël Caucheteux se tiendra en lever de rideau ce samedi au palais des sports Jean-François Krakowski. Plusieurs joueurs emblématiques du SRVHB et du hand français seront au rendez-vous.
Pour être sûr d’accrocher l’European league, il faudrait que Toulouse ne gagne pas à Créteil et que le SRVHB batte Nîmes ce samedi. Ou que le Fenix perde et que les Raphaëlois fassent match nul. Ainsi, ils seraient 4e et assurés d’un ticket. Si les Toulousains l’emportent, les Varois devront faire, a minima, match nul. Cinquièmes, ils devront alors attendre la wild card de l’EHF, habituellement attribuée au cinquième, au cours du mois de juin.
Une défaite contre Nîmes, en revanche, éloignerait la bande à Johannes Marescot de toutes joutes internationales.
Var-Matin